Les Français se noient par centaines, nous dit la presse. La faute au réchauffement, aux villes trop chaudes, et à la ruée sur des plans d’eau naturels pas adaptés, ou pas surveillés. Il en résulte 200 morts depuis le début de juin, beaucoup plus que l’an passé (140 à la même époque).
Au-delà des acharnés du réchauffisme, qui vont chercher un glaçon fondu en bas de la mer de Glace pour nous prouver qu’il fera 50 degrés à Paris en 2050 (la plupart des provinciaux, qui sont parisienistes, ne s’en plaindront pas, surtout que la capitale est devenue inabordable, c’est-à-dire voleuse), il y a une réalité : malgré la brassée de médailles de nos nageurs, aux JO et aux récents championnats du monde, les Français nagent comme des enclumes.
Tu vas à la piscine David-d’Angers à Paris ? Trois cent cinquante personnes sur les gradins, pour bronzer, et cinq dans l’eau, dont deux qui nagent, et un mal. C’est à peu près le même ratio partout. La pub n’est pas très sportive.
À la piscine du Rhône, passée à 8 euros et quelques l’entrée pour éliminer d’office les racailles, ça nage, mais de manière presque militaire. Les brasseurs d’un côté, les crawleurs de l’autre, et c’est la noria des allers-retours, chacun fait son kilomètre, c’est l’ennui profond, la nage qui devient une corvée.
Comme dans beaucoup de domaines, la réussite française est l’arbre qui cache la forêt. Nous avons de grands chirurgiens, mais les patients crèvent par centaines aux urgences ; nous avons de grands nageurs, mais les Français se noient par centaines ; nous avons de grands écrivains connus internationalement, mais ils sont morts ; nous avons des architectes primés partout, mais les jeunes archis ne trouvent pas de boulot ; nous avons de grands joueurs de foot, mais la Ligue 1 est triste...
On a déjà traité ici le problème français des piscines, la concentration des bassins en nombre dans des zones urbanisées CSP+, et la misère dans le reste du pays, que ce soit dans les campagnes ou les banlieues. Par-dessus ce déséquilibre social, la construction, à côté d’un parc obsolète, de bassins privés aux tarifs trop élevés pour les jeunes et les pauvres. C’est pourquoi ce sont principalement des jeunes pauvres qui se noient.