Egalité et Réconciliation
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François, le "pape de Washington" ?

Le cardinal Jorge Mario Bergoglio et la "guerre sale" d’Argentine

Le conclave du Vatican a élu le pape François, le cardinal Jorge Mario Bergoglio.

Qui est Jorge Mario Bergoglio ?

En 1973, il a été nommé « Provincial » de l’Argentine pour la Société de Jésus (Ordre des Jésuites).

À ce titre, Bergoglio était le plus haut représentant des Jésuites en Argentine durant la dictature militaire menée par le général Jorge Videla (1976-1983).

Il est devenu plus tard évêque puis archevêque de Buenos Aires. Le pape Jean Paul II l’a élevé au rang de cardinal en 2001.

Lorsque la junte militaire a renoncé au pouvoir en 1983, le nouveau président élu, Raul Alfonsin, a organisé une commission de la vérité au sujet des crimes de la « sale guerre » (la guerra sucia) argentine.

La junte militaire argentine a été soutenue clandestinement par Washington.

Le secrétaire d’État étasunien de l’époque, Henry Kissinger, a joué un rôle en coulisses dans le coup d’État militaire de 1976.

L’adjoint en chef de Kissinger en Amérique latine, William Rogers, lui avait dit deux jours après le coup d’État : « Nous devons nous attendre à une bonne dose de répression, probablement pas mal de sang va couler rapidement en Argentine » (National Security Archive, 23 mars 2006.)

« Opération Condor »

Ironiquement, un procès majeur s’est ouvert à Buenos Aires le 5 mars 2013, une semaine avant que le cardinal Bergoglio ne devienne pape. Le procès en court a pour but « d’examiner la totalité des crimes commis dans le cadre de l’opération Condor, une campagne de grande envergure coordonnée par des dictatures latino-américaines soutenues par les États-Unis dans les années 1970 et 1980, et visant à traquer, torturer et assassiner des dizaines de milliers d’opposants de ces régimes ».

 

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Henry Kissinger et le général Jorge Videla (1970)

 

Pour plus de détails, consulter : « Operation Condor : Trial On Latin American Rendition And Assassination Program » (en anglais), Carlos Osorio et Peter Kornbluh, 10 mars 2013.

 

 

La junte militaire menée par le général Jorge Videla, a été responsable d’un nombre incalculable d’assassinats, incluant des prêtres et des religieuses qui s’opposaient au régime militaire qui a suivi le coup d’État du 24 mars 1976, appuyé par la CIA, et renversé le gouvernement d’Isabel Peron :

« Videla était l’un des généraux condamnés pour crimes contre l’humanité, dont des “disparitions”, de la torture, des meurtres et des enlèvements. En 1985, Videla a été condamné à une peine d’emprisonnement à perpétuité à la prison militaire de Magdalena. »

 

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La général Jorge Videla

 

Wall Street et le programme économique néolibéral

Une des nominations clef de la junte militaire (ordonnée par Wall Street) a été le ministre de l’Économie, Jose Alfredo Martinez de Hoz, un membre du monde des affaires argentin et un ami proche de David Rockefeller (voir la photo ci-dessous).

 

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De gauche à droite : Jose Alfredo Martinez de Hoz, David Rockefeller et le général Jorge Videla

 

L’ensemble des politiques macro-économiques néolibérales adopté sous Martinez de Hoz étaient la copie conforme de celles imposées en octobre 1973 au Chili par la dictature de Pinochet et conseillées par les « Chicago Boys », après le coup d’État du 11 septembre 1973 et l’assassinat du président Salvador Allende.

Les salaires ont immédiatement été gelés par décret. Le véritable pouvoir d’achat a chuté de plus de 30 % en moins de trois mois en Argentine, suivant le coup d’état du 24 mars 1976 (estimation de l’auteur à Cordoba, Argentine en juillet 1976). La population argentine a été appauvrie.

Sous la direction du ministre de l’Économie Jose Alfredo Martinez de Hoz, la politique monétaire de la banque centrale a été en grande partie déterminée par Wall Street et le FMI. Le marché des devises a été manipulé. Le peso argentin a été délibérément surévalué, menant à une dette extérieure insurmontable. L’économie nationale en entier a été précipitée à la faillite.

Wall Street et la hiérarchie de l’Église catholique

Wall Street appuyait fermement la junte militaire qui menait la « sale guerre » pour son compte. La hiérarchie de l’Église catholique a quant à elle joué un rôle central en soutenant la légitimité de la junte militaire.

La Compagnie de Jésus qui représentait la faction conservatrice, aussi la plus influente de l’Église catholique et étroitement associée aux élites économiques argentines, appuyait fermement la junte militaire contre les soi-disant « gauchistes » du mouvement péroniste.

« La sale guerre » : allégations contre le cardinal Jorge Mario Bergoglio

La condamnation de la dictature militaire (y compris sa violation des droits humains) était tabou au sein de l’Église catholique. Alors que les hauts échelons de l’Église soutenaient la junte militaire, sa base était fortement opposée à l’imposition d’un régime militaire.

En 2005, l’avocat des droits de l’homme Myriam Bregman intenté des poursuites contre le cardinal Jorge Marion Bergoglio, l’accusant de conspiration avec la junte militaire dans l’enlèvement de deux prêtres jésuites en 1976.

Plusieurs années plus tard, les survivants de la « guerre sale » ont accusé publiquement le cardinal Jorge Bergoglio de complicité dans le rapt des prêtres Francisco Jalics et Orlando Yorio Several, et de six membres de leur paroisse (El Mundo, 8 novembre 2010).

Bergoglio, qui était à cette époque « Provincial » pour la Compagnie de Jésus, avait ordonné à deux prêtres jésuites étiquetés « gauchistes » de « quitter leur travail pastoral » (ils ont été congédiés) à la suite de divisions au sein de la Compagnie de Jésus relativement au rôle de l’Église catholique et de ses relations avec la junte militaire.

Alors que les deux prêtres Francisco Jalics et Orlando Yorio, enlevés par les escadrons de la mort en mai 1976, ont été relâchés cinq mois plus tard après avoir été torturés, six autres personnes liées à leur paroisse enlevées dans le cadre de la même opération sont « disparus » (desaparecidos), dont quatre professeures de la paroisse et deux de leurs maris.

Lorsqu’il a été relâché le prêtre Orlando Yorio a « accusé Bergoglio de les avoir livrés aux escadrons de la mort [incluant six autres personnes] Jalics a refusé de discuter de la plainte après s’être retiré dans un monastère allemand » (Associated Press (en anglais), 13 mars 2013, c’est l’auteur qui souligne).

Parmi ceux « disparus » aux mains des escadrons de mort figuraient Mónica Candelaria Mignone, fille du fondateur du CELS (Centro de Estudios Legales y Sociales) Emilio Mignone, et María Marta Vázquez Ocampo, fille de la présidente de Madres de Plaza de Mayo, Martha Ocampo de Vázquez. (El Periodista Online (en espagnol), mars 2013.)

 

 

María Marta Vásquez, son mari César Lugones (photo ci-dessus) et Mónica Candelaria Mignone prétendument « livrés aux escadrons de la mort » par le Provincial jésuite Jorge Mario Bergoglio sont parmi les milliers de desaparecidos de la « guerre sale » en Argentine, soutenue clandestinement par Washington sous l’opération Condor (Voir memorialmagro.com.ar (en espagnol)).

Durant le procès initié en 2005,

« Bergoglio [le pape Francçois] a invoqué à deux reprises son droit en vertu de la loii argentine de refuser d’apparaître devant la cour et lorsqu’il a finalement témoigné en 2010, ses réponses étaient évasives : “Bergoglio était directement impliqué dans au moins deux dossiers. L’un examinait la torture de deux de ses prêtres jésuites, Orlando Yorio et Francisco Jalics, enlevés en 1976 des bidonvilles où ils professaient la théologie de la libération. Yorio a accusé Bergoglio de les avoir livrés aux escadrons de la mort… en refusant de dire au régime qu’il cautionnait leur travail. Jalics a refusé de discuter de l’affaire après s’être retiré dans un monastère en Allemagne.” »

(Los Angeles Times (en anglais), 1er avril 2005)

« La communion pour les dictateurs »

Les accusations à l’endroit de Bergoglio relativement aux enlèvements des deux prêtres jésuites et de six paroissiens ne sont que la pointe de l’iceberg. Si Bergoglio était une figure importante de l’Église catholique, il n’était certainement pas le seul à appuyer la junte militaire.

D’après l’avocate Myriam Bregman : « Les propres déclarations de Bergoglio prouvent que les représentants officiels de l’Église savaient depuis le début que la junte torturait et tuait ses citoyens et approuvaient toute de même publiquement les dictateurs. La dictature n’aurait pas pu opérer de cette façon sans ce soutien clé. » (Los Angeles Times, 1er avril 2005.)

 

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Prêtre (non-identifié) donnant la communion à Videla (date inconnue)

 

Toute la hiérarchie catholique était derrière la dictature militaire appuyée par les États-Unis. Il convient de rappeler que le 23 mars 1976, à la veille du coup militaire :

« Videla et d’autres comploteurs ont reçu la bénédiction de l’archevêque de Paraná, Adolfo Tortolo, qui a aussi été vicaire des forces armées. Le jour même de la prise de pouvoir, les dirigeants militaires ont eu une longue réunion avec les dirigeants de la conférence épiscopale. En sortant de cette réunion l’archevêque Tortolo a déclaré que même si “l’Église a sa propre mission spécifique […] dans certaines circonstances elle ne peut pas s’abstenir de s’impliquer dans des questions même si elles concernent spécifiquement l’ordre de l’État”. Il a incité les Argentins à “coopérer de manière positive” avec le nouveau gouvernement. »

(The Humanist.org (en anglais), janvier 2011, c’est l’auteur qui souligne.)

En entrevue avec El Sur, le général Jorge Videla, lequel purge actuellement une sentence à vie pour crimes contre l’humanité, a confirmé

« avoir informé la hiérarchie catholique des politiques de “disparition” des opposants politiques du régime et que les chefs catholiques donnaient des conseils sur la “gestion” de la politique.

Jorge Videla a dit qu’il avait eu de « nombreuses conversations » avec la primauté en Argentine, le cardinal Raúl Francisco, à propos de la guerre sale de son régime contre les activistes de gauche. Il a dit que des discussions avaient également eu lieu avec d’autres évêques de haut rang de la conférence épiscopale ainsi qu’avec le nonce national de l’époque Pio Laghi.

“Ils nous ont conseillés sur la façon de gérer la situation”, a dit Videla. »

(Tom Henningan, Former Argentinian dictator says he told Catholic Church of disappeared (en anglais), Irish Times, 24 juillet 2012, c’est l’auteur qui souligne.)

Il est important de signaler que selon une déclaration de l’archevêque Adolfo Tortolo datant de 1976, l’armée consultait toujours un membre des autorités catholiques lorsqu’un membre de la base du clergé était « arrêté ». Cette déclaration a été faite spécifiquement à propos de l’enlèvement des deux prêtres jésuites dont les activités pastorales étaient sous la direction du Provincial de la Compagnie de Jésus, Jorge Mario Bergoglio. (El Periodista Online (en espagnol), mars 2013).

En soutenant la junte militaire, les autorités catholiques étaient complices de torture et de massacres : on estime que 22 000 personne ont été tuées ou portées disparues entre 1976 et 1978. Des milliers d’autres victimes ont été tuées entre 1978 et 1983, lorsque l’armée a été chassée du pouvoir. (National Security Archive, mars 23, 2006)

Le rôle du Vatican

Sous les règnes des papes Paul IV et Jean-Paul II, le Vatican apporté un appui clé à la junte militaire argentine.

Pio Laghi, le nonce apostolique du Vatican en Argentine, a admis « avoir fermé l’œil » sur la torture et les massacres.

Laghi avait des liens personnels avec des membres de la junte militaire au pouvoir, dont le général General Jorge Videla et l’amiral Emilio Eduardo Massera.

 

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Le nonce du Vatican Pio Laghi et le général Jorge Videla

 

L’amiral Emilio Massera en liaison étroite avec ses responsables étasuniens était le cerveau de la « guerra sucia ». Sous les auspices du régime militaire il a établi :

« un centre d’interrogation et de torture à La Escuela de Mecánica de la Armada (école de mécanique de la Marine ou ESMA [près de Buenos Aires.] Il s’agissait d’un établissement sophistiqué à usage multiple et crucial dans le plan militaire d’assassinat d’environ 30 000 “ennemis de l’État” […].Des milliers de détenus d’ESMA, dont deux religieuses françaises, ont été impitoyablement et régulièrement torturés avant d’être tués et jetés du haut d’un avion dans la rivière Plata.

Massera, le membre le plus puissant du triumvirat a fait de son mieux pour maintenir ses liens avec Washington. Il a participé au développement du plan Condor, un projet de collaboration visant à coordonner le terrorisme pratiqué par les régimes militaires sud-américains.

(Hugh O’Shaughnessy, Admiral Emilio Massera : Naval officer who took part in the 1976 coup in Argentina and was later jailed for his part in the junta’s crimes (en anglais), The Independent, 10 novembre 2010, c’est l’auteur qui souligne.)

Des reportages confirment que le représentant du Vatican Pio Laghi et Emilio Massera étaient amis.

 

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L’amiral Emilio Massera, architecte de la “guerre sale”, reçu par le Pape Paul VI au Vatican

 

L’Église catholique en Argentine et au Chili

Il convient ici de noter que lors du coup d’État militaire au Chili le 11 septembre 1973, le cardinal de Santiago, Raul Silva Henriquez, a condamné ouvertement la junte militaire dirigée par le général Augusto Pinochet. Contrairement à l’Argentine, cette prise de position ferme des autorités catholiques au Chili a grandement contribué à restreindre la vague d’assassinats politiques et de violations des droits de l’Homme contre les sympathisants de Salvador Allende et les opposants du régime militaire.

« L’homme derrière le comité oecuménique Pro-Paz était le cardinal Raúl Silva Henríquez. Peu après le coup, Silva […] est devenu un “upstander”, un terme que l’activiste Samantha Power a inventé pour distinguer des badauds ceux qui tiennent tête à l’injustice, souvent à leurs risques et périls.

[…] Peu après le coup, Silva et d’autres chefs de l’Église ont publié une déclaration condamnant les bains de sang et exprimant leur chagrin. Cela a été un point tournant pour de nombreux membres du clergé chilien […] Le cardinal a visité le Stade national et, choqué par l’ampleur de la répression gouvernementale, a ordonné à ses assistants de commencer à collecter des informations auprès des milliers de fidèles qui allaient chercher refuge à l’Église.

Les actions de Silva ont mené a un conflit ouvert avec Pinochet qui n’a pas hésité à menacer l’Église et le Comité Pro-Paz. »

(Taking a Stand Against Pinochet : The Catholic Church and the Disappeared, pdf en anglais)

Si Jorge Mario Bergoglio avait pris une position semblable à celle du cardinal Raul Silva Henriquez au Chili, des milliers de vies auraient été sauvées.

« Tu ne tuera point. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le pape François par son appui à la guerre sale est en violation de la morale chrétienne qui prêche la dignité et la valeur de la vie humaine.

L’Opération Condor et l’Église catholique

L’élection du cardinal Bergoglio par le conclave du Vatican pour servir l’Église en tant que pape François aura des répercussions immédiates sur le procès de l’opération Condor en cours à Buenos Aires.

L’Église était impliquée par son appui à la junte militaire. Cela émergera durant les audiences. Il ne fait aucun doute que l’on tentera d’occulter le rôle des autorités de l’Église catholique ainsi que le rôle du nouveau pape François, chef de l’ordre des Jésuites en Argentine pendant la dictature militaire.

Jorge Mario Bergoglio : le « pape de Washington » au Vatican ?

L’élection du pape François a de vastes implications géopolitiques pour toute la région de l’Amérique latine.

Dans les années 1970, Jorge Mario Bergoglio soutenait une dictature militaire appuyée par les États-Unis.

Les autorités catholiques en Argentine soutenaient le gouvernement militaire. Le programme de torture, d’assassinats et de disparition de milliers d’opposants politiques était coordonné par Washington dans le cadre de l’« opération Condor » de la CIA.

Les intérêts de Wall Street étaient maintenus par José Alfredo Martinez de Hoz au ministère de l’Économie.

L’Église catholique en Amérique latine a une grande influence politique. Elle a aussi un pouvoir sur l’opinion publique. Les architectes de la politique étrangère étasunienne le savent.

En Amérique latine, où de nombreux gouvernements défient maintenant l’hégémonie américaine, on pourrait s’attendre, au vu des antécédents de Bergoglio, à ce que le nouveau pontife François, en tant que chef de l’Église catholique, joue de facto un rôle politique clandestin pour Washington.

Avec Jorge Marion Bergoglio comme pape au Vatican, un homme qui a servi fidèlement les intérêts américains à l’apogée du général Jorge Videla, les autorités de l’Église catholique en Amérique latine peuvent à nouveau être manipulées efficacement afin de miner les gouvernements « progressistes » (de gauche), non seulement en Argentine (le gouvernement de Cristina Kirchner), mais dans la région entière, au Venezuela, en Équateur et en Bolivie.

L’installation d’un pape « pro-étasunien » s’est produite une semaine après la mort du président Hugo Chavez.

« Changement de régime » au Vatican

Le département d’État fait régulièrement pression sur les membres du Conseil de sécurité des Nations unies dans le but d’influencer les votes des résolutions.

Des opérations clandestines et des campagnes de propagande sont appliquées régulièrement par les États-Unis afin d’influencer des élections nationales dans différents pays à travers le monde.

La CIA a des liens secrets de longue date avec la Vatican.

Le gouvernement étasunien a t-il essayé d’influencer l’élection du nouveau pontife ? Fermement engagé à servir les intérêts de la politique étrangère des États-Unis en Amérique latine, Jorge Mario Bergaglio était le candidat favori de Washington.

Est-ce que Washington a secrètement exercé des pressions, directes ou indirectes, au sein de l’Église catholique, sur les 115 cardinaux membres du conclave du Vatican ?

 

Note de l’auteur

Dès le début du régime militaire de 1976, j’étais un professeur invité à l’Institut de politique sociale de l’Université nationale de Cordoba en Argentine. Mon sujet de recherche principal était à ce moment-là l’étude des impacts des réformes macroéconomiques dévastatrices adoptées par la junte militaire.

J’enseignais à l’université de Cordoba pendant la vague initiale d’assassinats, qui ciblait également les membres progressistes du clergé catholique.

La ville industrielle de Cordoba était le centre du mouvement de résistance. J’ai été témoin de l’appui actif et régulier des autorités catholique à la junte militaire, créant ainsi une atmosphère d’intimidation et de peur à travers le pays. Le sentiment général à cette époque était que les Argentins avaient été trahis par les échelons supérieurs de l’église catholique.

Trois ans plus tôt, au moment du coup d’État militaire au Chili le 11 septembre 1973, ayant mené au renversement du gouvernement d’Unité populaire de Salvador Allende, j’étais professeur in vité à l’Institut Économique de l’Université catholique du Chili à Santiago.

Immédiatement après le coup au Chili, j’ai vu comment le cardinal de Santiago, Raul Silva Henriquez, agissant au nom de l’Église catholique, a confronté la dictature militaire.

Michel Chossudovsky

Article original : « “Washington’s Pope” ? Who is Pope Francis I ? Cardinal Jorge Mario Bergoglio and Argentina’s “Dirty War” », publié le 14 mars 2013.

Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

Pour aller plus loin, avec Kontre Kulture :

 






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56 Commentaires

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  • #364113
    Le 20 mars 2013 à 20:06 par Guy
    François, le "pape de Washington" ?

    La modestie, la capacité à rester à sa place, vous connaissez ?

    La faculté de se dire qu’on ne sait pas tout, qu’on ne détient pas la vérité absolue, ça vous dit quelque chose ?

    Le pape François est un Jésuite : ça veut dire qu’il a fait 10 ans d’études théologiques, entre autre.

    Ceux qui l’accusent de trahir ceci et de bafouer cela ne sont que des tartufes qui n’ont pas le quart du début de commencement de sa culture et de son savoir.

    Alors pour les spécialistes grotesques du "tout et n’importe quoi", fermez-là et allez lire comme dirait l’autre !

     

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    • #364156
      Le Mars 2013 à 20:51 par Michèle
      François, le "pape de Washington" ?

      Justement le Christ ne s’est pas tourné vers ceux qui avaient fait des études théologiques. Il les traitait souvent de "race de vipères". Ses apôtres étaient des gens du peuple sans aucune connaissance particulière. Je crois qu’il fait pareil à nouveau car il est en train de toucher le coeur de beaucoup de personnes humbles et c’est ça la vraie église. Ceux qui recoivent la parole avec un coeur d’enfant et qui sont très loin de toute religiosité. Ouvrez les yeux et sortez de là tant qu’il en est temps. Toute cette frénésie autour du pape c’est tout simplement de l’idolatrie.

       
    • #364828
      Le Mars 2013 à 15:27 par Philippe de Macédoine
      François, le "pape de Washington" ?

      Non Michèle,
      tous les apôtres n’étaient pas de pauvres illettrés. St Matthieu le publicain percevait l’impôt, il faisait donc partie des couches lettrées ce qui suppose qu’il appartenait à une couche sociale un peu plus aisée que, par exemple, Pierre. Enfin bien qu’il ne fut pas apôtre mais Jésus se révéla à lui dans sa grâce, St Paul a subi un enseignement de scribe, et était des couches aisées.
      Par ailleurs, le catholique considère que la Tradition est une des sources de la foi et la Tradition Apostolique est composée en grande partie par les écrits des Pères et Docteurs de l’Eglise. On trouve parmi eux de grands mystiques (Ste Thérèse de Lisieux, St Jean de la Croix ou Ste Hildegarde de Bingen par exemple), de formidables directeurs (St Bernard de Clairveaux ou Ste Thérèse d’Avilla par exemple) et d’incroyables théologiens comme St Augustin ou St Thomas d’Aquin.
      Le catholicisme n’est pas une clownesquerie new-age ou un fondamentalisme luthérien. C’est une religion d’une grande profondeur théologique, c’est ce qui fait sa force et son génie.

      Vous avez fait référence aux gens "humbles". Je pense que vous parlez de gens dont la condition est humble, ce qui n’est pas la même chose. Cette distinction est importante car, comme vous le savez, le but du chrétien, par dessus tout, doit être d’obtenir un coeur humble. Ce sont les coeurs humbles qui sont reçus par Dieu. C’est cela même que dit le Christ dans l’évangile de Matthieu :
      « En ce moment, les disciples s’approchèrent de Jésus, et dirent : Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et dit : Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. »

       
  • #364133
    Le 20 mars 2013 à 20:30 par jessi78
    François, le "pape de Washington" ?

    Juste en passant,petit rappel,un des projets de la communauté qu’on ne doit pas nommer est de détruire la religion catholique et soumettre les cathos par tous les moyens possibles. Donc continuez d’attaquer et de critiquer le Pape et les cathos avec les infos que vous sert la communauté qu’on ne doit pas citer,très présente et influente aussi en Argentine (contrairement aux autres pays latinos) ça lui donnera du grain a moudre.

     

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    • #364394
      Le Mars 2013 à 01:23 par Anonyme
      François, le "pape de Washington" ?

      Exactement, c’est la communauté que l’on ne doit pas nommer qui reproche au pape de ne pas s’être mis du côté des marxistes. La théologie de la libération n’est qu’une arme au service du communisme et le communisme est au service de qui .... mais bon en France on est shooté au socialo-communisme.... au rêve de l’assistanat surtout.

       
  • #364258
    Le 20 mars 2013 à 22:25 par NARKOZY
    François, le "pape de Washington" ?

    Il est clair que Benoît devait déplaire au clan qu’il est interdit de nommer, vu son passé des années 40 qui lui a permis d’identifier le véritable ennemi. Conséquemment et par inadvertance il a dû faire un ou deux faux pas d’importance envers cet ennemi dans l’exercice de ses fonctions. Ceci a mené le VATICAN à un blocus financier de 2 mois jusqu’à la démission de Sa Sainteté...après avoir en sus subi une perquisition en règle de la part de son majordome (auquel il a dû pardonner, contraint et forcé !). Cet épisode démontre le degré de faiblesse matérielle et morale atteint par l’Eglise Catholique dans le Monde. François 1er ne m’inspire guère confiance car avec ses verres fumés il me fait trop penser au général JARUZELSKI, jadis valet de feu l’URSS en Pologne occupée...

     

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  • #364291
    Le 20 mars 2013 à 23:00 par garantez
    François, le "pape de Washington" ?

    en attendant, notre gouvernement programme la promulgation du remboursement "intégral" de l’avortement" pour le jour de Pâques !
    ça ne vous dit rien ???

     

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  • #364321
    Le 20 mars 2013 à 23:34 par Francis rules
    François, le "pape de Washington" ?

    PTDR cet article...

    "Fermement engagé à servir les intérêts de la politique étrangère des États-Unis en Amérique latine, Jorge Mario Bergaglio était le candidat favori de Washington."

    Source ? Mouah ah ah.

    Messieurs, je pense que tant que BHL ou Attali ne se seront pas prononcés sur le sujet, nous aurons toujours un doute. Néammoins, les critiques du libéral Mélanchon peuvent donner une idée de quel côté de la baricade est François.

    De plus, un pape qui se dit anti libéral-libertaire, pro social-valeurs, pour un retour aux Evangiles, donc un pape a priori revolutionnaire chrétien (pléonasmes) que voulez vous de plus ??? Un pape qui annonce "l’Eglise n’est pas une ONG philanthropique" et "celui qui ne prie pas Dieu prie pour la mondanité du Diable", que voulez-vous de plus ???

    Attendons de voir oui, mais pour le moment, dans les paroles (et c’est bien là le sujet, propager le message d’espoir du Christ), c’est que du bon et c’est à se demander si contrairement aux pronostics de certains le Vatican (de Benoit XVI - l’allié objectif judas ? - à François) n’aurait pas mis une quenelle de 175 dans le cul de Satan. C’est à se demander si, par un signe venu de là-Haut, le vent ne serait pas en train de tourner...Mais je m’enflamme.

     

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  • #364328
    Le 20 mars 2013 à 23:42 par Tesla
    François, le "pape de Washington" ?

    Vraiment tout est bon pour justifier votre idéologie.

     

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  • #364334
    Le 20 mars 2013 à 23:54 par Moi Président
    François, le "pape de Washington" ?

    En général j’ai le réflexe de me méfié de ceux dont les médias font des louanges, après je ne sais pas la vérité non plus.

     

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  • #364519
    Le 21 mars 2013 à 09:33 par Gogolias
    François, le "pape de Washington" ?

    Magnifique torchon digne du Front de Gauche ou de Golias.

    A elle seule cette photo mérite un Oscar : http://www.egaliteetreconciliation....

    Non seulement l’homme d’église marchant au côté de Videla ne présente aucune ressemblance physique (hormis la calvitie) avec Bergoglio ; mais ce cliché présente des anachronismes rédhibitoires :

    1. En 1976, Bergoglio est âgé de 40 ans. Pouvez-vous sérieusement affirmer que c’est également l’âge de l’homme chauve présenté sur cette photo ?

    2. L’habit que porte cet homme est celui d’un évêque. Or, Bergoglio est nommé évêque auxiliaire en 1992 ; 9 ans après la fin du régime de Videla...

    Bref, cet homme d’église n’est en aucun cas Bergoglio.

     

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  • #364594
    Le 21 mars 2013 à 11:42 par MQ
    François, le "pape de Washington" ?

    Attention à ce genre d’articles sans nuances. C’est le même genre de conneries manichéennes qu’on nous ressort à chaque fois sur l’islamisme ou sur les "heures les plus sombres"...

    Quelques questions à se poser :

    - Videla a exercé le pouvoir 7 ans : pendant 7 ans a-t-il été manipulé par les USA ? Si oui, comment expliquer le doigt d’honneur qu’il leur a fait en achetant NOS missiles français et en commerçant avec BREJNEV à des conditions que Washington avait "interdites" ? Comment expliquer que les anglo-saxons (Thatcher, non contredite par Reagan, loin de là) aient tant tenu à sa chute ?
    Par ailleurs, ne vous aveuglez pas sur la "théologie de la libération". Il y a du pour et du contre, et des représentants de ce mouvement n’étaient pas plus reluisants que leurs opposants.

    - Bergoglio a "livré aux escadrons de la mort" deux prêtres ? Comme les français et les catholiques ont livré aux escadrons de la mort leurs compatriotes ? Qu’entend-on exactement par "livrer" ?

    L’auteur de l’article s’inspire grandement d’un argentin "de souche", Monsieur Verbitsky, qui avait déjà écrit un pamphlet où il mettait en cause, entre autres, Bergoglio.
    Mais l’auteur se garde bien de reprendre des témoignages de prêtres catholiques français qui séjournaient alors en Argentine et qui assuraient, déjà à l’époque des faits, que Bergoglio sachant la vie des deux prélats menacée, il leur avait conseillé de s’enfuir, de quitter l’Argentine. Proposer à deux personnes en danger de quitter un pays où ils risquent leur vie revient-il à les livrer à des escadrons de la mort ?

    - Faut-il reprocher à un prêtre de s’opposer au mariage gay et à l’avortement, sous prétexte que Mme Kirchner, "progressiste" sociétale, appelait Chavez "mon frère" et, géopolitiquement, n’est pas trop mal ? La veuve Kirchner n’a pas le monopole du peuple, et visiblement Bergoglio, le peuple, il le connaît et s’en occupe. Le "progrès" social n’a pas à se faire au prix du "progrès" sociétal.
    Bergoglio aussi a un passé péroniste. Pensez-vous vraiment que Peron aurait marié des hommes entre eux ?

    On peut être circonspect concernant ce nouveau pape, les circonstances de son élection... Mais cela n’empêche pas la nuance. Sans avoir de réponses toutes faites pré-mâchées par des journalistes bouffe-cathos, sans même forcément trouver les réponses espérées, essayons à tout le moins de nous poser quelques QUESTIONS.
    Le doute ça a du bon, dans la foi comme ailleurs.

     

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    • #364804
      Le Mars 2013 à 15:07 par olivier
      François, le "pape de Washington" ?

      Amisty internationaelet l’ancien prix nobel argentin de la paix n’accusent pas le pape.
      On ne peut pas dire qu’on soutient le catholicisme ici...

       
    • #364826
      Le Mars 2013 à 15:25 par Anonyme
      François, le "pape de Washington" ?

      Exactement. Les régimes dits de droite sont très mal vus des dirigeants américains. Et c’est bien Kirchner -pro-chavez, anti usa, qui a fait voter le mariage contre nature, exigence comme par hasard des lobbies américains.
      Super astuce de désigner les complices de l’Empire comme ses ennemis, et vice-versa.

       
  • #364811
    Le 21 mars 2013 à 15:13 par Karam
    François, le "pape de Washington" ?

    Apparemment il n’y a que le Vatican (nation qui n’a pas d’armée) qui copine avec les dictateurs. En 1978, il y a avait une coupe du monde de football en Argentine. France, Espagne, Brésil, etc.. y sont tous allés, aucun boycott, ces nations ont même léché le cul aux généraux en laissant volontairement gagner l’Argentine. On n’entend personne s’en plaindre.

     

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    • #365117
      Le Mars 2013 à 22:31 par Philippe de Macédoine
      François, le "pape de Washington" ?

      Cher Monsieur,
      l’intérêt de la dissidence est de ne pas donner crédit aux qualificatifs donnés par d’autres. Le terme de dictateur est multiforme, si multiforme qu’il faut le lire sans s’arrêter dessus. Je donne un exemple qui va choquer : je considère sans honte que Monsieur Chavez était un dictateur éclairé. Le fait qu’il fut élu et réélu n’a absolument aucun intérêt. La force de Monsieur Chavez, sa foi, son engagement, ses principes furent un grand moment d’histoire, et de lui un des grands hommes du XXIe siècle. Sans sa fermeté, il aurait composé avec les groupes de pression et il n’y aurait pas eu de révolution bolivarienne.
      Tous les dictateurs ne sont pas comme Monsieur Chavez, du peu que j’en sais, la dictature argentine était abominable. Cela dit, tous ne sont pas comme Messieurs Pinochet ou Hitler non plus.
      Je vis personnellement dans une pseudo démocratie d’Europe de l’Est et me déplace fréquemment dans un pays présenté dans les médias comme une dictature (la Biélorussie). Ma perception est que les Biélorusses sont loin d’être plus malheureux que les autres, ils sont plus raffinés et plus civilisés que leurs voisins. De plus, leur cadre de vie est impeccable tandis que celui des Russes et des Ukrainiens est en pleine déliquescence. Je n’ai pas encore trouvé dans cette "dictature" de signes qui me la rende détestable. Que dois-je faire donc ? Coller à la doxa ou me faire mon opinion ?
      Notez que je donne cet exemple parce que je le connais bien. J’aurais pu citer la Syrie, ou la Libye d’hier voire l’Irak d’hier. Malheureusement je ne connais ces pays soit parce que j’y suis allé en vacances ou en mission professionnelle soit au travers du filtre des médias. Je n’ai donc pas pu me faire une idée claire et définitive du sentiment du peuple et donc je n’ai pas pu émettre un jugement définitif quant à ses dictateurs ; même si je reconnais que géopolitiquement, ceux-ci furent enthousiasmant, bien plus qu’un Netanyahou ou un Chirac.

       
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