Coloscopie, c’est la nouvelle émission du nouveau Laurent Baffie, nouveau parce qu’il s’est assagi, ardisonnisé (Thierry s’est réincarné en Lolo), et rajeuni (un lifting pour refaire surface médiatiquement). Le concept est piqué à feu Jacques Chancel et son Radioscopie, l’âge d’or de la radio française où l’invité pouvait encore parler sans filtre, par exemple Bardèche.
Baffie invite Philippe Lacheau, la nouvelle star bankable du cinéma français comique. Attention, on ne va pas vous demander d’aller voir Babysitting ou Nicky Larson, on va parler showbiz, cinéma, et chance. Lacheau raconte ses années de galère pendant lesquelles il n’a jamais lâché le steak. C’est-à-dire que la chance, la rencontre fertile qui ouvre la voie du succès, n’existe que dans de rares cas : par définition, la vie est un loto, mais le travail et l’abnégation remplacent la chance. C’est une chance en petits morceaux, une construction.
Dans cette optique, l’échec n’est pas mortel, il est même nécessaire, c’est un passage obligé, qui muscle le mental. La réussite est un chemin truffé de pièges, de trous, de cailloux, il faut juste savoir se relever. Et avoir la foi. Sans s’en rendre compte, Lacheau, qui n’a jamais dû lire les Évangiles ou aller à l’église, ne parle que de foi, de sa foi. Certes, foi en lui et en son succès, mais toutes les fois ne sont pas désincarnées. Non, Fifi n’est pas juif, arrêtez, au fond de la classe, toujours les mêmes, merci.
« Mais à quel moment tu vas te ramasser la gueule, espèce de fils de pute ? »
À 37’33, Laurent, fasciné par la série de succès de Fifi, lâche une demie vanne, si on se souvient que son premier (et dernier) film – Les Clés de bagnole – s’était complètement ramassé, le laissant sur la paille (9 millions de perdus). Il y avait, comme Bigard le sien, investi tout son argent gagné en télé. Là, le loto de la vie, en l’occurrence du cinéma, avait été brutal. Le film était pourtant original (une mise en abîme), trop pour le grand public, qui a besoin d’un humour plus accessible. De ce côté, Lacheau est hyper accessible.
Le succès est une alchimie et une expérience impossibles à reproduire. Ce n’est donc pas scientifique, il n’y a pas de recette : inutile de lire, comme le faisait Nicolas Sarkozy, les bios des hommes dits grands, cela ne vous fera pas gagner un centimètre. Le succès est la rencontre d’un talent et d’un public, c’est un moment, pour reprendre l’expression préférée de la Salamé-Glucksmann.
À la 39e, on a droit à un concours de jeux de mots avec Lacheau. On entend « Lacheau dasse », « Lacheau bise », « Lacheau vive » et « Lacheau fourrée », etc. Baffie et son assistant n’ont pas trouvé « Lacheau ah ».
Pour finir, cet article fort discutable montre un des grands avantages de la célébrité, outre l’argent et la confiance : les femmes. Lacheau est passé de Reem Kherici à Élodie Fontan, de la belle brune à la belle blonde. Tout ça pour ça, aurait dit Lelouch.


Conseil à tous les hommes qui veulent à tout prix réussir pour rafler une Reem ou une Élodie : essayez de les trouver directement, vous économiserez vingt ans de galère.
Sinon, au boulot.