Dans cet article, l’auteur avance l’idée que René Girard est franc maçon depuis longtemps et qu’il s’en explique : note 22 de l’article avec lien. Or en ouvrant le lien, on tombe sur un blog de franc maçon, et sur un article qui n’est pas de René Girard. C’est à dire sur un blog qui ne concerne en rien René Girard à l’exception d’un commentaire de maçon qui recommande la lecture de Girard à un autre maçon qui n’en a jamais entendu parler.
Ce n’est pas le plus embêtant dans cet article. Certes, Guyénot a lu René Girard. Mais l’as-t-il compris ? On peut en douter. Guyénot multiplie les fausses affirmations sur les idées de René Girard. Il y en a tellement que je ne peux pas toutes les citer ici. 2 exemples : "Girard nie toute rupture entre l’Ancien et le Nouveau Testament". C’est faux. Girard rappelle à plusieurs reprises qu’il y a à la fois rupture ET continuité entre l’Ancien et le Nouveau. La rupture, c’est la Nouvelle Alliance instaurée par le Christ. Girard le rappelle : Jésus a pratiquement violé toutes les règles des pharisiens (notamment lors du shabbat). La continuité, c’est reconnaître que l’Ancien Testament est une longue préparation à la venue du Messie, qui est prophétisé plusieurs fois dans l’Ancien. Que certains n’ait pas reconnu Jésus comme le Messie, c’est une autre question. Il est bien annoncé dans l’Ancien Testament. En revanche, Guyénot à raison de dire que c’est surtout l’opposition entre le mythique et le biblique qui intéresse Girard, notamment dans son livre "Je vois satan tomber comme l’éclair". Exemple 2 : Guyénot nous dit que : "nulle part Girard ne s’intéresse au message du Christ". Encore faux. Les livres de Girard mentionnent des passages de l’Evangile. Plus d’une dizaine de passages commentés du Nouveau Testament dans "je vois satan..." par exemple.
Pour finir : René Girard dérange beaucoup de monde, depuis ces premiers livres. Il a d’abord été méprisé ou ignoré longtemps par toute la clique intellectuelle des universitaires français bien avant d’être reconnu (et souvent pillé) aujourd’hui. La raison ? Il a oser critiquer (avec beaucoup de pertinence) Freud et Levi Strauss, les 2 grands dieux des intellectuels français du XXième. Il a enfin montré - ce qui n’avait jamais été fait avant lui - que l’imitation ne concerne par seulement l’apprentissage (le disciple imite le maître pour apprendre) mais que le désir est imitatif:nous nous imitons nos désirs les uns les autres en ayant l’illusion que ce désir est notre, original.