Il y a 200 ans, Napoléon quittait définitivement le pouvoir
22 juin 2015 17:59, par gotfriedAutant c’est certain qu’il était un sacré personnage, et qu’il a été l’artisan d’une épopée militaire et nationale qui n’a pas eu beaucoup d’équivalents dans l’histoire, autant on ne peut pas dire qu’il était "imprégné des idéaux révolutionnaires" ! Autocrate autoproclamé, chef des armées, maître en toutes choses dans le pays, plus fort que la monarchie il s’est carrément revendiqué empereur ! On est à l’opposé même des rêveries bourgeoises, qui s’accommodaient très bien de la monarchie tant que le business était libre, et qui, par nature, préfèrent l’ordre facile à maintenir de la tradition, qu’un pouvoir tout nouveau, soumis aux passions d’un seul homme, instable et fragile, cibles de toutes les colères.
Mais si on doit parler des idéaux vraiment révolutionnaires, Bonaparte a lui-même enfoncé les clous du couvercle de leur cercueil. Sa prise de pouvoir est marquée par un coup d’Etat militaire, j’imagine mal qu’il y ait une manière plus patente et explicite de dire "Merde !" aux préoccupations constitutionnelles et légales qui ont été au coeur des différentes phases de la Révolution, et même de la pensée des Lumières. Alors certes il a entériné quelques principes "révolutionnaires" (en ce qu’ils étaient en opposition à la situation d’Ancien Régime), notamment l’abolition des privilèges, et isonomie en général (lois valables sur tout le territoire national, s’appliquant de la même façon à tous les individus), mais il n’a pas non plus touché aux réformes réactionnaires des thermidoriens, et au contraire il est même allé de sa petite touche réactionnaire personnelle (rétablissement de l’esclavage). Faudrait donc voir à ne pas se foutre de la gueule du monde en en faisant une révolutionnaire pur grain. C’était un autocrate réactionnaire. Brillant, flamboyant, mais réactionnaire.
De la convocation des Etats Généraux à l’abdication définitive de Napoléon, on a probablement le quart de siècle le plus riche en terme d’histoire des idées et de politique de l’histoire de l’humanité. Tout y a été dit, tout y a été fait : on y a rêvé de l’abolition définitive de la propriété privée, mais c’est le retour de l’Empire qui s’est accompli. Démocrates furieux, républicains bourgeois modérés, royalistes, et partisans de la dictature se faisaient passer les uns les autres en place de Grève à tour de bras. En matière militaire, on soufflait le chaud et le froid : la paix comme condition de la prospérité nationale, ou la guerre comme condition de survie de la république....