L’Univers est une chambre rangée au carré, avec quelques poils pubiens par-ci par-là.
Voilà toute la vérité. Et comme toujours, elle se dit en une phrase que nul ne veut entendre.
L’ordre règne. Tyrannique, impeccable, mathématique : chaque électron récite son verset, chaque orbite respecte sa liturgie, chaque galaxie trace sa spirale comme un calligraphe sobrement ivre. Le Tout est propre. Trop propre. Un cube de silence, tendu à l’infini, géométrie obsédée de lois qui ne tolèrent ni caprice ni improvisation.
Mais dans les coins — toujours les coins — traînent des indices d’ironie. Des cheveux du sexe. Résidus, vestiges, provocations. Quelque chose qui échappe à la symétrie, qui dépasse la formule, qui gratte le carrelage cosmique.
Appelle-les trous noirs, mutations, éclats de conscience, ou tragédie humaine. Ce sont les poils du chaos. Ils ne devraient pas être là, et pourtant ils s’obstinent. Pas assez nombreux pour ruiner la perfection, mais suffisants pour rappeler qu’elle n’est qu’un masque, qu’un arrangement temporaire, qu’un théâtre bien balayé dont le sol suinte quand même un peu de foutre.
Moi, je les vois. Et je les respecte.
Parce qu’en eux se cache la véritable métaphysique : la dissidence minuscule, le refus de se laisser réduire à l’algèbre. Ces poils sont des cris. Ils disent : même dans la plus stricte des chambres, quelque chose échappe au ménage. Et c’est là que vit l’âme — ou ce qui en tient lieu — dans ce presque rien que le cosmos n’a pas su dompter.
L’univers est une chambre rangée au carré. Oui. Mais c’est dans ses poils pubiens que réside la vérité.