Qu’ils soient islamo-militants, sionistes, gauchistes, droitards ou simples influenceurs indignés du jour, tous s’excitent sur le conflit israélo-palestinien comme des mouches sur une charogne. Chacun y va de son drapeau, de ses larmes, de ses cris, de ses slogans vides. Tous réclament "justice", "paix", ou "victoire", en implorant… des États capitalistes — les mêmes qui fabriquent, arment et entretiennent ces guerres — de "mettre fin" à ce qu’ils produisent structurellement. C’est comique, si ce n’était tragique.
Ces agités de la cause importée, qu’ils défilent pour Gaza ou lèvent le drapeau israélien, ne veulent pas la fin du capitalisme : ils veulent qu’il soit juste, moral, équilibré. On ne veut plus abolir l’État, on veut un État gentil. On ne veut plus abolir l’argent, on veut un commerce éthique. On ne veut plus abolir la guerre, on veut des bombes humanitaires. Et surtout : on ne veut plus de révolution, mais des lobbies efficaces.
Dans tout ce théâtre, la France réelle est absente. Pas la République, pas l’Hexagone administratif. La France commune, celle de 1358, 1789, 1830, 1848, 1871 et ouvrière 1968— celle qui a failli briser le règne de la marchandise. Qui aujourd’hui se souvient encore de ce qu’il s’est réellement passé à Paris en 1871 ? De ce que signifie prendre les armes contre l’État, sans dieu, sans chef, sans marché ? Certainement pas ceux qui, entre deux posts sur Gaza, consomment TikTok, commandent sur Amazon et exigent que l’État — toujours lui — résolve leur désarroi moral.
Ce n’est pas un hasard si tous les groupes sociaux les plus farouchement anti-communards — islamistes, sionistes, identitaires, gauchistes professionnels — sont les premiers à plonger corps et âme dans ce conflit. Aucun n’a de culture révolutionnaire. Tous veulent seulement que leur tribu gagne, que leur morale domine, que leur histoire souffrante soit reconnue. Mais aucun ne veut la fin du monde marchand qui engendre ces guerres.
Pendant ce temps, la France du possible s’efface, remplacée par un sous-prolétariat globalisé, identitaire, religieux, totalement étranger à l’universel. La seule entité qui aurait pu mettre fin à ces conflits — le prolétariat révolutionnaire autonome — a été liquidée dans les rituels victimaire du Spectacle.
Pourquoi feignez vous de ne pas voir cette évidence ?
Alors qu’ils pleurnichent pour un État qui les sauve de l’État, qu’ils disparaissent avec leurs drapeaux. Nous, nous attendons la Commune.