A vous lire, ce qui m’étonne c’est l’origine géographique des sources, à majorité écrasante anglo-saxonne. Ici, bien sûr le décret de Théodose est important, et il aurait été vraiment intéressant de savoir les forces politiques qui l’avaient promu et celles qui s’y opposaient, avant sa promulgation, l’origine des conseillers, etc... Théodose n’a pu prendre une pareille décision tout seul, sur un coup de tête ! Quand même ! Encore une fois, la géographie importe, car il me semble qu’au lieu de se centrer sur Rome, il aurait aussi fallu comprendre que le décret de Théodose est ce qui permit, non seulement le meurtre d’Ipathie à Alexandrie par une foule de chrétiens incultes, mais surtout, et c’est naturellement le mobile majeur, l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, porteuse de toute la connaissance du monde antique. Des siècles de sciences, d’art et d’histoire en cendres... Alors, après toutes ces cendres, on pouvait impunément réécrire n’importe quoi sur une table rase. Une excursion dans l’Appolonius de Tyane de Jean-Louis Bernard donnerait aussi un aperçu sur la suppression, au IVè siècle, avant les événements cités, du culte ésotérique d’Appolonius de Tyane. C’est un peu l’ancien monde de l’empire d’Alexandre qui rentre dans l’oubli avec les anciens mystères, au cours de l’impérialisation de l’Eglise, de ce quatrième siècle. On définit ensuite le corpus canonique en supprimant les apocryphes, et les moines de la Vie cataracte à Nag Hammadi durent planquer leurs rouleaux coptes gnostiques retrouvés en 1945. La normalisation a dû être vraiment sévère ! Le point final du gommage de l’ancienne anthropologie antique sera la condamnation conciliaire sous l’empereur byzantin Justinien au VI è siècle de l’enseignement d’Origène (mort trois siècles plus tôt) sur la réincarnation, et sur l’apocatastase, qui leva un rideau de fer doctrinal avec les religions orientales. Les descendants des fauteurs des tribulations du peuple juif à Babylone ne s’en sont pas remis.