Ce joli mot est lancé en tête, de but en blanc, sans mention de la personne destinataire. C’est pareil dans le"comment ça va ?". Ça je ne sais pas, mais moi je vais bien. Ça manque d’adresse. Il est encore possible de sourire sans rien dire par radicale rétroversion du langage, verbal tantrisme, au pays sans paysans ni prétension.
Je me souviens de ce cinglant camouflet reçu en pleine gueule, comme un KO debout, sonné, séché sur pieds. Elle m’avait assommé, distillant, de la falaise haute de son orgueil stratosphérique, un élixir sortilège : " You are a nobody".
J’avais mis bien du temps à recouvrer mes esprits. Et puis, au milieu du sommeil qui avait, dans son ankylose, lancé son oeuvre réparatrice, dans une grisaille obscure de berceuse, une voix avait percé : "no-body is perfect".