L’art du zapping n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, pour le téléspectateur. On ne balance pas des extraits qui nous font plaisir ou déplaisir au petit bonheur la chance. On éditorialise. C’est-à-dire que chaque séquence doit avoir un lien avec la précédente et la suivante et le tout avoir un sens. Comme des mots qui forment une phrase.
Dans le Zapping de Canal+ des grandes années (90), il n’y avait même pas ce travail, juste de la moraline antifasciste ou antiraciste, mâtinée d’un peu de microrévolte sociale contre les riches (sauf les animateurs-producteurs de Canal), la religion (sauf le judaïsme) et les Américains (sauf les stars d’Hollywood). Même cahier des charges pour les Guignols, d’ailleurs, à quelques exceptions près. Depuis, le Net a relevé le gant, et le genre.
Le zapping n’est pas un empilement de crêpes, mais bien un message en filigrane qui se compose par juxtapositions, que ce soit en adéquation ou en opposition, entre les saynètes. C’est un non-dit, mais qui parle. On y découvre par exemple – ce qui est le niveau 1, facile à capter – celui qui déclare une chose un jour, et le contraire le lendemain.
Dans ce sport, les hommes politiques excellent, mais Macron est le meilleur, parce que lui, il se fout, mais alors royalement, de sa réputation. Quand on a zéro empathie, on peut tout se permettre. C’est l’avantage des génies à la peau de crocodile, mais aussi des psychopathes lourds. D’ailleurs, cet art du mensonge ou de la retournette est fascinant. Se contrefoutre de l’avis ou des critiques des autres est une forme de liberté absolue, un superpouvoir.
Preuve que tout le monde ne sait pas bien mentir, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, désarçonné par une simple question et une gentille relance.
MALAISE AU QUAI D'ORSAY
Hier, le nouveau porte-parole du ministère des Affaires étrangères a fuit mes questions et relances à propos de la situation à Gaza et du rôle de la France.Je vous décrypte tout en vidéo.
La suite ici https://t.co/QPBtCFamEn pic.twitter.com/wH8QwIoR0n— Cemil Şanlı (@Cemil) October 4, 2025
La version contemporaine de la communication politique consiste donc à tout assumer, soit le plein cynisme, comme il y a le plein emploi. Dans le genre, la baronne farfelue qui tient lieu de maire du XVIe est un modèle. Et un sketch.
FLASH
CE N’EST PAS UN SKETCH !
Alors que les Français se SERRENT la CEINTURE CHAQUE MOIS, la maire LR du 8ᵉ arr. de Paris, Jeanne d’Hauteserre, 72 ans, les a REMERCIÉS de lui avoir permis de s’acheter, GRÂCE à EUX, plus de 35 000 € de VÊTEMENTS en 5 ans :
« Chaque… pic.twitter.com/eliz73PbMC
— Impact (@ImpactMediaFR) October 4, 2025
Chez les journalistes, le mensonge se fait surtout par omission : on se planque derrière une vraie ou une fausse ignorance. Par exemple, la splendide (on la qualifie ainsi pour réduire le risque de procès) Anne-Claire Coudray oublie de parler à ses téléspectateurs du passé d’agent israélo-américain de son invité. De plus, elle le crédite d’un score supérieur à celui de Mélenchon, ce qui est une blague. On sent que la passeuse de plats a eu des consignes, en cuisine.
Qui voudrait d’un accord avec le microparti de droite de ce monsieur qui n’a que deux députés transfuges de la macronie ?
Il faut redescendre de 30 étages, c’est pas possible un boulard pareil…
pic.twitter.com/2kfL1LCFUB— Marcel (@realmarcel1) October 4, 2025
Naturellement, si elle reçoit Mélenchon, elle lui demandera d’abord s’il est antisémite, si pour lui le Hamas est un mouvement terroriste, s’il a pleuré pour les bébés décapités et brûlés dans les fours des nazislamistes le 7 octobre 2023, si les nazis avaient raison et s’il a un alibi solide pour le 7 Octobre.
En attendant cette invitation, on promet qu’on ne baratinera plus sous le prochain Zapping dissident.