L’Espagne et la Palestine : de Franco à Sanchez, une fidélité diplomatique hors du commun
13 octobre 13:33, par Saturnin PompierDurant le franquisme il y avait une formule qui revenait toujours dans le discours officiel quand il s’agissait des relations avec le monde arabe : "La tradicional amistad con el mundo árabe". Cette formule était souvent l’objet de moqueries et de blagues.
Il est curieux de constater que malgré l´histoire vécue et la dure Reconquista (pendant presque 8 siècles) il n´y a jamais eu en Espagne de haine ou de rancoeur envers le monde árabo musulman. Tout au contraire, on assiste au XIX à l’avènement d’une littérature clairement "maurophile", l’expression d’une certaine nostalgie pour le passé maure d’un Al-Andalus fantasmé, à laquelle contribue de diverses manières des auteurs étrangers (Washington Irving et ces célèbres "Contes de l’Alhambra") et de nombreux voyageurs français ou anglais de cette époque.
Cette "maurophilie" existe aujourd´hui encore dans certains cercles en Espagne, et ce n’est plus que de la littérature. Le mythe du paradis multiculturel de Al-Andalus ("la España de las Tres Culturas") est plus vivant que jamais. Certains espagnols s’en prennent à se chercher (et à se trouver) des origines arabes (quelque part en Syrie, en Arabie ou en Irak). Lisez Serafín Fanjul, "Al-Andalús, la forja de un mito", entre autres titres et auteurs.
La région d’Andalousie s’est doté après la dictature d’un drapeau et d’un hymne. Le drapeau consiste en deux franjes horizontales vertes (couleur de l´islam) et une blanche au milieu qui symbolise la Mediterranée. C´est une invention d´un nommé Blas Infante, avocat andalou converti à l´islam (circa 1925) qui voulait signifier par là la "patrie andalouse", musulmane dans l´âme (selon lui), étendue sur les deux rives de la mer. Il est considéré comme le "père de la patrie Andalouse" et tous les partis tant de gauche comme de droite (sauf sans doute VOX) lui rendent hommage en chantant l’hymne national andalou lors des grandes célébrations locales. Ce Blas Infante fut fusillé par Franco.
Dans certains cercles espagnols on est abonné à la théorie que les Musulmans n´ont jamais envahi l´Espagne militairement (ils seraient arrivés pacifiquement), qu´ils se sont installés dans la joie et la bonne humeur, que les autochtones les ont bien reçus parce qu´ils venaient les libérer de leur mauvais gouvernement et de la dictature du clergé catholique. Et que la longue lutte des chrétiens pour se libérer du joug musulman fut en réalité une guerre civile entre Espagnols de différentes religions.
Grosso modo c’est ça.